Voilà deux disciplines rarement mises en présence... Quelle lecture transversale viendrait, sinon les rapprocher, du moins les présenter l'une à l'autre.
Assez nombreux sont les poètes qui ont approfondi, dans leur quête, la dimension spirituelle, et même religieuse de leur incarnation. Peut-être quelques théologiens se sont-ils laissé aller à aborder, pour leur propre compte, les mystères de la poétique. Mais jusqu'à présent, les replis de mon cortex n'avaient pas accueilli de données, analogiques ou logiques, verbales ou symboliques, sur l'étude de l'intersection { [Théologie] ∩ [Poétique] }.
C'est une critique de Pierre Tanguy parue dans l'e-revue Recours au poème qui m'incite à m'en préoccuper ici.
De quoi s'agit-il ? François Cassingena-Trévedy, théologien, moine bénédictin de l’abbaye de Ligugé, pose la question des rapports entre Poétique et Théologie.
Pierre Tanguypubliée par l'e-revue Recours au poème qui m'a révélé l'existence d'une telle préoccupation. Elle est portée par
François Cassingena-Trévedy, théologien, moine bénédictin de l’abbaye de Ligugé.
Il s'était antérieurement intéressé aux relations entre Liturgie et Littérature. Domaine où il y aurait en effet beaucoup à travailler - c'est à dire passer du spéculatif à l'opératif - , les textes liturgiques dont j'ai eu connaissance, tant dans les églises que dans les temples pratiquant le plus souvent, en matière d'ornement littéraire, une ascèse certes compréhensible, mais peu exaltante, voire pas enthousiasmante [1]du tout.
La poésie, écrit-il, fait toujours son domicile, très humblement, dans les interstices .
Il m'est arrivé de méditer sur le mystère des encoignures. L'encoignure est tout juste une promesse d'interstice. Il faut un séisme pour qu'elle s'entrouve, telles les tombes lors du jugement dernier selon l'iconographie médiévale.
Ce liturge est aussi, selon mes sources, émailleur, maître de choeur, écrivain, et a publié sa propre version de La flamme d'une chandelle, sous le titre Élucubrations...Il sait donc, a priori, de quoi il parle
| Je suis cette encoignure à l’angle des falaises Où le vent de la baie amasse les épaves, Fleurs d’embruns, galets gris, coques creuses Que mon étreinte aiguë écrase en sable d’or. Je suis cette encoignure au bas des monuments, Où le mur et le sol en leurs noces discrètes Engendrent ce rais d’ombre où rosées et poussières Tracent leur mince croûte espoir de cicatrice. Je suis cette encoignure au dièdre de deux ailes Que l’archange du rêve essaye de déployer, La verticale pour résoudre les étoiles, L’horizontale afin de nommer les lointains. Je suis cette encoignure où la terre et le feu Fondent en fin cordon quand la foudre acérée Vitrifie le rocher inerte, et que rature D’un graffiti obscur un dieu précipité. Je suis cette encoignure où les airs et les eaux, Lames bleues de ciseaux sous la lune s’affrontent, Quand l’ouragan vortex engrosse l’océan Pour tracer ce fil net qui est fils du chaos. Je suis cette encoignure entre tête et épaule, Formant équerre pour que la main de l’ami Y trouve un appui juste, et la joue de la femme L’abandon consenti en exacte posture. Je suis cette encoignure à l’angle de la marche, Rythmant le pas rituel de l’adepte montant Vers le seuil du mystère et la porte qu’il doit Savoir se faire ouvrir et franchir initié. Je suis cette encoignure au fond de la pensée Ou deux idées issues de germes différents Tels cristaux embrassés subitement se maclent Engendrant l’improbable au creux de leur contact. Je suis cette encoignure en l’axe de la croix, Le recoin du gibet logeant le sacrifice, Aine et aisselle du corps que l’on écartèle Pour supplicier la vie et supplier la mort. Je suis cette encoignure au tracé de la lettre Le point immatériel qui condense l’espace Et dans l’en-soi rassemble en unité secrète La création éparse enfin réassemblée. | |
Mais si ma méditation m'a conduit, par les méandres de mes sentiers intérieurs, à me mettre dans la peau d'un adepte, à évoquer le symbole de la croix, et même à nommer l'en-soi propre à une certaine cosmogonie religieuse, rien de particulièrement théologique dans mon texte. Je n'aurais d'ailleurs aucune autorité à tenter ce rapprochement.
Il me va donc falloir aller à La Procure, le lieu idéal pour effectuer ce genre d'emplette - d'autant que j'y peux profiter des avantages d'une carte de fidélité... - me...procurer Poétique de la théologie, Ad Solem 2011, 115 pages, 19 euros.
[1] Je n'ai pas dû choisir ce mot par hasard
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